novembre 2015

 

Nous avons été accueillis par un petit bouquet de fleurs et un gentil petit mot qui nous attendait sur la table de la terrasse. Petit clin d’œil pour nous préparer à ce qui allait suivre : pas d’eau et peu d’électricité pendant 8 jours. A nous les corvées au puits, lesquelles amusaient beaucoup les autochtones qui ne manquaient pas de nous prêter main forte ou, tout au moins, le seau pour puiser. C’est que remplir presque une vingtaine de bidons d’eau quotidiennement au puits n’est pas une mince affaire.

Mais les enfants du quartier, compatissants et peut-être un peu moqueurs, nous ont aussi prêté main forte.

Dès notre arrivée, nous avons commencé très fort par la préparation et le pointage des fournitures et des sacs à dos destinés aux 68 filleuls du CEM et du LYCÉE de NGUÉNIÈNE. Un véritable casse-tête chinois (exemple, on commande 1 cahier de TP et 1 cahier de 200 p et on se retrouve avec 2 cahiers de 200 p, parce que… c’est pareil !).

Il y avait tellement de fournitures que le banc sur lequel tout était posé s’est cassé en deux. Nous en avons été pour en faire reconstruire un neuf.

Puis dans l’après-midi, nous avons débuté l’achat et la livraison des sacs de riz destinés aux familles des filleuls pour lesquels les parrains nous avaient confié des fonds. Le développement de ce poste est exponentiel et nous allons devoir le gérer différemment. En effet, jusqu’alors, nous achetons les sacs de riz par 4 (au maximum dans le coffre de la voiture) et nous les livrons personnellement dans les familles ; nous prenons une photo avec le filleul que nous envoyons à la marraine ou au parrain dans les semaines qui suivent, le temps de les classer. Mais, de quelques sacs il y a encore quelques années, nous en étions à 43 sacs livrés en avril 2015 et à 73 sacs livrés en novembre 2015 soit
3.65 tonnes (dont 50 filleuls et 8 familles nécessiteuses).

C’est une très belle action qui profite vraiment aux familles et dont elles sont vraiment reconnaissantes car notre association est la seule qui offre et livre du riz en plus des parrainages. Cependant, nous avons atteint certaines limites, les limites de réalisation sur place dans les conditions définies ci-dessus. On peut dire que 70 % de notre temps est consacré à livrer du riz. Outre le temps qui nous manque ensuite pour accomplir d’autres tâches, la fatigue physique devient trop importante pour les hommes qui manipulent et transportent ces charges.

Bénévolat n’étant pas synonyme d’épuisement, nous avons décidé de tester un nouveau mode de fonctionnement en avril prochain : nous visiterons personnellement les seules familles des nouveaux filleuls, celles chez lesquelles nous livrons du riz pour la première fois ou celles dont le parrainage de leur enfant a été repris par un nouveau parrain. Ceci afin de faire un petit reportage photos pour les parrains et de pour prendre contact avec la famille.

Pour ce qui est des familles que nous visitons régulièrement, nous leur remettrons un bon et les parents devront venir chercher le riz avec le filleul, à notre logement, sur une journée que nous aurons dédiée à cette mission. Nous prendrons les photos lors de l’enlèvement du riz et non plus dans la famille. Cela nous évitera des trajets épuisants dans la brousse, des allers-retours incessants et des chargements/déchargements éreintants dans le coffre totalement inadapté de la voiture.

Dès le lundi matin, nous avions rendez-vous au CEM pour distribuer les sacs à dos/fournitures aux collégiens en échange d’un courrier pour leur marraine/parrain. Tous honorent maintenant ce rituel de réciprocité en temps et en heure sans qu’il soit besoin de réclamer les courriers. Nous les avons tous pris en photo et versé la subvention des parrainages à la Direction.

L’école Ste-Bernadette nous a ensuite accueillis ; nous avons d’abord pointé les listes, versé une partie de la subvention scolarité, récupéré tous les dessins puis visité les classes une par une et photographié les 45 filleuls.

Dans les jours qui ont suivi, nous sommes allés découvrir le nouveau lycée et rencontrer l’équipe dirigeante.

Puis avons rendu visite aux monitrices du Jardin d’enfants, pointé la liste des enfants parrainés, rempli les fiches pour les nouveaux filleuls et photographié tout ce petit monde.

Nous avons également demandé à rencontrer la Sœur Directrice du Jardin d’enfants afin d’avoir une conversation et surtout une explication au sujet du verre de lait que nous offrons à tous les bambins de l’école sans exception 3 fois par semaine depuis maintenant 10 ans. En effet, en juillet dernier, il nous a été dit que la nouvelle Directrice de l’école, trouvant cette initiative très heureuse, en avait fait part à sa congrégation en France. La Supérieure trouvant également l’idée excellente a tout simplement décidé de la reprendre à son compte et la confiée à une association de son choix. Ainsi, sans aucune information officielle, sans aucun courrier, sans aucune explication, notre association à l’origine de cette action depuis 10 ans s’est faite évincée de façon très sournoise. Nous avons tenté de rencontrer la Directrice qui était absente. Elle nous devait nous rappeler…

Il est évident que nous n’allons pas nous battre pour payer, mais nous avons tout de même fait savoir de façon très ferme à la religieuse qui nous a reçus ce que nous pensions de cette façon de faire et n’avons pas oublié de lui rappeler que cette idée, qui est une belle action pérenne depuis 10 ans, est notre idée et que la moindre des choses aurait été de nous prévenir de ce qui se tramait.

Pour en terminer avec le domaine des écoles, les talents de MacGyver de notre Trésorier-adjoint ont été requis afin de tenter de débloquer les serrures de l’école de Foua-Loul, endommagées par des chenapans qui avaient glissé des brindilles d’herbe dans les canons. Ils avaient bien réussi leur coup puisque l’école a été fermée quelques jours, faute de pouvoir ouvrir les classes. Mais c’était sans compter sur les ressources inépuisables de notre baroudeur qui est rapidement venu à bout des serrures bloquées. La semaine suivante, nos deux trésoriers ont réparé toutes les serrures de l’école. De fait, les cours ont repris et nous avons pu photographier tous les filleuls et remplir les dossiers des nouveaux bénéficiaires.

En fin d’après-midi, était programmée une réunion avec les parents d’élèves. La réunion d’avril n’ayant retenu l’attention que de 2 parents, les familles avaient été prévenues que toute absence entrainerait l’annulation du parrainage. Comme avec les élèves, nous avons donc fait l’appel. Le message était bien passé car seule une famille était absente, sans raison. Dans la mesure où ces parents ne se sentent pas concernés par l’aide que nous leur apportons dans la scolarité de leur enfant (pas plus qu’en avril) et que leur fils était retenu aux champs, la règle a été appliquée et le parrainage a été reporté sur un autre enfant. Il est malheureusement nécessaire de se montrer très ferme afin que certains parents prennent bien conscience que l’aide qui leur est apportée n’est pas un dû, ni une attribution sans contrepartie aucune.

Lors de cette réunion, nous avons informé les parents présents que nous continuions à faire manger la totalité des enfants encore cette année et que nous allions apporter une aide supplémentaire aux enfants parrainés sous certaines conditions. Les règles sont les suivantes : pour qu’un enfant non parrainé soit accepté à la cantine, il faut que les parents se soient acquittés de la participation forfaitaire annuelle de 1 000 cfa (1.5 €). Ce qui est dérisoire, même au Sénégal.

En ce qui concerne les enfants parrainés, sous condition que les parents se soient acquittés du paiement du bois 1 000 cfa/an (1.5 €), du paiement de l’étude 500 cfa/mois (0.75 €) et du paiement de la scolarité du premier trimestre, au 1er janvier, l’association FLORENT prendra en charge la cantine et le solde de la scolarité, de janvier à juin. Resteront à leur charge les fournitures scolaires.

Les parents, qui ne s’attendaient pas à cette nouvelle, étaient ravis. Il est probable que nous n’ayons pas à faire l’appel lors de la prochaine réunion…

Enfin, nous avons décidé d’attribuer le même parrainage à 6 enfants du CM2, bons élèves mais issus de milieux très défavorisés. Cette aide est ponctuelle, attribuée pour l’année et sera reconduite l’an prochain pour un nouveau groupe d’élèves du CM2.

Entre toutes ces visites d’établissements scolaires, nous avons rencontré différents acteurs.

L’artisan qui fabrique et pose les lampadaires solaires ; nous avons signé un nouveau contrat pour une troisième installation, toujours dans le quartier de Ndounème à NGUÉNIÈNE. Nous avions déjà fait un premier repérage avec les villageois et l’avons ensuite accompagné sur place afin de bien définir ensemble l’emplacement choisi. Ce poteau sera équipé d’un petit boitier permettant le rechargement de deux portables et sera confié à la garde d’une femme.

Un maçon avec lequel nous avons parlementé, à qui nous avons expliqué et que nous avons suivi de près dans le bâti d’un « meuble » de cuisine car lorsque nous sommes arrivés, le meuble de récupération que nous avions avait été attaqué par les parasites.

Puis un autre maçon avec lequel nous avons négocié la démolition et la reconstruction de la terrasse arrière sous laquelle les rongeurs avaient creusé des galeries et qui commençait à s’effondrer.

 

En seconde partie de séjour, c’est avec ce même maçon que nous avons signé un contrat pour la construction d’une classe à DIOLOFIRA SÉRÈRE. Ce dossier avait été étudié auparavant conjointement avec la Mairie de NGUÉNIÈNE et il n’y avait plus qu’à…

Nous nous sommes rendus dans le village, accompagné du 1er adjoint de la mairie, avons visité les deux classes en paillotte, échangé avec le Directeur et l’enseignant sur place qui étaient ravis d’apprendre qu’une classe en dur allait être construite.

Le jour de notre départ, le moulage des briques avait déjà commencé.

En avril dernier, nous avions été remettre les fonds nécessaires au forage d’un puits à NDIÉMANE BALLAKHALI. Les travaux étant terminés, nous souhaitions aller peindre le logo de notre association et le nom de la société qui l’a financé : REI de la SALVETAT ST-GILLES. Quelle aventure ! La route était totalement défoncée et quasi impraticable sur plusieurs kilomètres. Nous avons été obligés de descendre du véhicule à plusieurs reprises afin de l’alléger et pouvoir passer non pas des ornières mais carrément des cratères !

Heureusement, notre baroudeur est aussi un conducteur homologué « hors chemins ». Frissons garantis ! Nous sommes enfin arrivés à bon port et avons pu peindre le puits mais aussi rencontrer l’une des familles que nous avions aidées dans la reconstruction de leur case emportée par les eaux l’an dernier. Les émotions ont été encore plus importantes au retour, car nous avons joué le contre-la-montre avec la tombée de la nuit.

 

 

Dans le cadre de nos actions, nous accordons des microcrédits à des groupements de femmes afin de leur permettre de faire du petit commerce. Tous les six mois, nous les rencontrons et elles nous expliquent comment elles ont utilisé ce prêt (sans intérêt). Elles nous remboursent et nous le leur attribuons à nouveau afin qu’un nouveau groupe de femmes puissent en profiter. Nous avons ainsi rencontré 3 groupements de femmes au cours de notre voyage.

Nous accordons également quelques microcrédits à des femmes du village de notre connaissance. Les montants sont bien moins importants mais le principe est exactement le même. Une dizaine de femmes en bénéficie et chacune d’elle utilise son prêt à sa façon : classique et peu risqué avec le petit commerce, plus osé avec l’achat et la revente de cochons pour une musulmane ou l’investissement dans une tontine pour une autre, ce qui lui a permis à ce jour d’investir dans l’achat de matériaux pour se faire construire une case pour elle et ses enfants.

Les talents d’électricien du Trésorier ont été requis afin de régler l’horloge du quartier Keur Diomaye qui se dérègle régulièrement à cause des coupures incessantes d’électricité. De fait, les lampadaires s’allumaient le jour et s’éteignaient la nuit. Alors, sans échelle mais avec un peu d’imagination et les moyens du bord, l’affaire a été rondement menée.

En fin de séjour, nous avons doté le Centre des Handicapés de 5 sacs de riz (soit 250 kg) au profit des familles qui le fréquentent mais aussi livré des denrées chez 8 familles nécessiteuses qui nous ont été désignées avec 8 sacs de riz, (soit 400 kg).

Une biquette a été offerte à un filleul par sa marraine qui souhaitait aider sa famille d’une façon différente et plus conséquente. C’est la troisième famille qui bénéficie de ce privilège.

 

 

La nouvelle équipe dirigeante de l’école publique Sounkarou-Dièye de NGUÉNIÈNE s’est présentée.

L’association FLORENT a apporté son aide en livrant directement à l’école 10 sacs de 50 kg de riz, 6 bidons de 20 l d’huile et un sac de 25 kg d’oignons pour faire fonctionner la cantine scolaire pour à peu près 85 enfants (ce qui représente environ 60 % du budget de l’année scolaire).

 

Le dernier jour, nous avons rencontré le groupement de femmes du quartier de Khew Keurtien à NGUÉNIÈNE et leur avons remis les fonds pour forer le 21ème puits de l’association.

A ce jour, ils ont déjà trouvé l’eau et le puisatier est maintenant dans la phase de consolidation du puits.

Les 5 bénévoles ayant participé au voyage sont tous rentrés malades, épuisés mais contents de la réussite de leur mission et d’avoir pu atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés.

Voilà donc à peine démarrée, mais déjà très active, la 11ème année des actions humanitaires de l’association FLORENT.

PAYSAGES DE BROUSSE EN NOVEMBRE