nov-16

A notre arrivée en pleine nuit, notre habituel petit bouquet de fleurs et un gentil message d’accueil nous attendaient sur la table de la terrasse. Mais cette fois-ci, ils étaient accompagnés des instructions pour le lendemain matin ! Pose à 10 h de la première pierre de la nouvelle salle d’accouchement de la maternité, projet que nous avions initié en avril dernier.

Dès notre réveil, nous nous sommes aperçus qu’une fois de plus nous n’avions pas d’eau ! Après quelques investigations, nous avons découvert qu’un warang avait creusé un tunnel et ensablé le compteur d’eau. Pour pimenter encore un peu l’affaire, les « Mac Gyver » de l’équipe ont dû creuser aussi de nouvelles tranchées afin de détourner les tuyaux d’alimentation en eau qui avaient été colonisés et rompus par les racines d’un arbre de la cour. Une fois encore, le puits du quartier a été notre ressource afin de pouvoir nous doucher pendant quelques jours, histoire que les amis qui partageaient notre voyage et découvraient le Sénégal, et plus tard leur filleule, ne pensent pas qu’ils étaient venus pour s’amuser.

A « 10h+ », expression toute sénégalaise, nous étions sur le chantier de la nouvelle maternité et avons donc posé la première pierre avec le maçon et toute l’équipe du Comité de Santé. Nous en avons profité pour faire visiter le dispensaire aux nouveaux venus et constaté avec satisfaction que toutes nos préconisations en matière d’hygiène ont été suivies et même améliorées.

Une infirmière puéricultrice nous accompagnait et la sage-femme en poste à la maternité lui a proposé de venir l’assister lors d’un accouchement prévu dans les prochaines heures. C’est ainsi qu’Hélène Téning (prénom sérère) a aidé à mettre au monde un joli bébé, une petite Hélène, et lui a donné les premiers soins dans des conditions qui ne sont pas celles dans lesquelles elle travaille habituellement.

Dès le lendemain, nous avons préparé les 73 sacs à dos pour le CEM et le lycée, activité de comptage et de concentration (car les fournitures sont différentes selon les classes) qui nous a pris toute la matinée.

Dans l’après-midi, Hélène Téning et Christophe sont allés à la rencontre de leur filleule Céline Moussou qui ne s’attendait pas à une telle surprise. Ils ont pu discuter un bon moment avec elle, visiter son univers, le jardin de son frère et rencontrer ses parents.

Michel Gigi, notre représentant, nous avait signalé deux adolescents orphelins, frère et sœur, tous deux au lycée, et vivant de la charité de leurs voisins. La case de la jeune fille était rongée par les termites. Pour commencer, nous leur avons acheté des provisions et une bouteille de gaz pour cuisiner.

Touchés par leur situation précaire, leur courage et leur dignité, l’association a trouvé un parrain pour Mamaya Hélène tandis qu’Hélène Téning et Christophe prenaient la décision de parrainer Jean-Pierre Abdou, le grand frère.

Et selon le dicton « jamais 2 sans 3 », l’association a pris en charge la construction d’une nouvelle case pour Mamaya Hélène. On peut dire que c’était Noël avant l’heure et l’on pouvait lire la reconnaissance et la joie tout en retenue dans leurs deux regards.

Faute de voiture disponible le lundi matin, c’est en charrette que nous sommes allés livrer et distribuer individuellement les sacs à dos au collège. Pas de lettre pour le parrain, pas de sac à dos !

Il n’y avait que 3 retardataires qui sont personnellement venus les chercher à notre logement et qui se sont fait sermonner.

Chaque collégien a été pris en photo.

Puis a débuté la tournée de livraison du riz, activité toujours exténuante. Les voitures traversant le village trop vite, les villageois ont installé des dos d’âne d’une hauteur impressionnante.

Dès que les sacs de riz remplissaient le coffre, tous les passagers devaient descendre puis remonter après que le chauffeur ait passé chaque dos d’âne. Et il y en a pas mal dans la seule rue principale !

Monter, descendre, être cahotés sur les pistes, avaler de la poussière, faire face à des hordes de bambins heureux de nous voir qui nous sautent dessus, nous tirent les bras dans tous les sens, piaillent, gambadent, nous tournent autour comme des indiens, décharger et livrer le riz, pointer les listes afin de n’oublier personne, écouter les remerciements à l’attention des parrains, interminables litanies qui sont ensuite traduites, et tout cela multiplié par 64 sacs de riz délivrés sur ce voyage, soit 3.2 tonnes, et on peut aisément comprendre une grande partie de notre fatigue au bout de deux semaines. Mais c’est, encore et toujours, une belle action pour toutes les familles qui en profitent, celles des filleuls ou des nécessiteux qui nous sont désignés.

Au fil de nos pérégrinations, nous avons confié de l’argent à quelques familles pour acheter une chèvre. Certaines ont pu l’acquérir avant notre départ et venir nous la montrer, d’autres l’ont acquise plus tard et nous recevons régulièrement les photos qui seront ensuite envoyées aux parrains concernés.

Nos pas nous ont ensuite conduits au dispensaire de Ndiémane afin de contrôler l’achèvement des travaux de construction de deux chambres, de toilettes, d’un coin douche et d’une cuisine que nous avions financés en avril dernier.

La deuxième marraine qui nous accompagnait, Hélène Gnilane a rendu visite à la famille de son premier filleul. Ce dernier et son frère, l’ayant reconnue dans la voiture, sont arrivés tambour battant et au triple galop à travers la brousse, trop heureux de la revoir.

C’est ensuite à sa deuxième filleule qu’elle a ensuite fait une visite surprise et la maman l’a chaleureusement remerciée en français. Les enfants de la famille, trop contents eux aussi de la revoir, se sont jetés dans ses bras. Emue par tant de gentillesse, de spontanéité, elle a décidé de… prendre un troisième filleul.

C’est donc encore une visite surprise qu’elle a faite à une famille qui se demandait qui était cette belle dame qui leur offrait spontanément tant de présents. Le grand-père, bien que très affaibli, l’a chaleureusement remerciée au nom de toute la famille.

Les jours suivants, nous avons visité toutes les écoles avec lesquelles nous travaillons, remis les subventions pour les parrainages, avons offert un tee-shirt à chaque élève puis pris en photo.

La cantine de Foua-Loul nous a accueillis et nous avons partagé le repas avec les enfants et l’équipe enseignante assis en tailleur sur des nattes.

Accompagnés de Maguèye Ndao, élu à la Mairie, nous avons remis 12 sacs de 50 kg de riz, 6 bidons de 20 l d’huile, 1 sac de 50 kg oignons à l’école Sounkarou-Dièye. Le Directeur et toute son équipe étaient très heureux car ils n’avaient aucun ingrédient pour commencer la cantine et les enfants habitant loin passaient la journée sans manger.

Comme à l’accoutumée, le groupement de femmes de Keur Diomaye nous a régalés d’un magnifique spectacle de percussions et de danses auquel nous avons dû participer à l’hilarité générale, avant de discuter du microcrédit que nous leur accordons. Leurs maris nous ont remerciés de les aider ainsi à faire du petit commerce, de participer à faire vivre leur famille alors que ce devrait être leur rôle d’époux ; mais ils n’en ont pas les moyens.

Nous avions également rendez-vous avec le groupement des femmes de Léona pour le remboursement du microcrédit concernant le moulin à mil. A notre arrivée, les femmes présentes se sont excusées d’être si peu nombreuses suite au départ de beaucoup d’entre elles pour diverses cérémonies. Puis séquence émotion, lorsque la Présidente nous a expliqué qu’elles tenaient tout de même à nous recevoir en dépit du fait que la Trésorière, également présente et assise face à nous, avait perdu sa petite fille 48 h auparavant. Que de dignité chez cette femme qui tenait à nous recevoir, en dépit de son immense chagrin, parce que nous étions des invités qui venaient de loin…

En ce qui concerne les palettes de matériel que nous avons envoyées cet été au profit de la Mairie de Nguéniène, nous avons pu constater par nous-mêmes qu’elles sont bien arrivées. Mais toujours pas distribuées…

Par 40° et un vent qui soulevait des nuages de poussière, les parrains présents ont fait l’expérience du battage des arachides, opération qui consiste à battre les tas d’arachides afin de séparer les fruits des tiges.

 

Nos invités ont découvert la boulangerie artisanale du village : une case en paillotte, une baignoire en guise de pétrin, un four à bois en terre. A notre arrivée, le boulanger allait enfourner. Les Sénégalais ont l’habitude de consommer du pain très blanc et très peu cuit dont la mie colle. Nous lui avons demandé s’il pouvait nous le cuire un peu plus.

Au bout de quelques minutes, son portable dans la bouche pour éclairer la porte du four dans l’obscurité ambiante, il a sorti une fournée dorée à point de petits pains au lait. Nous lui avons acheté une plaque entière, nous sommes régalés sur l’instant et le lendemain pour déjeuner. Quant à Christophe et Hélène Téning qui reprenaient l’avion le lendemain, ils en ont rapporté chez eux.