Les 5 membres de cette nouvelle mission d’avril 2019 ont quitté Toulouse sous la grisaille. Après un voyage sans encombre, et un débarquement rapide à l’aéroport Blaise Diagne de Dakar, nous voilà en bordure du tapis roulant afin de récupérer nos bagages… Ils défilent sous nos yeux, mais force est de constater que 2 manquent à l’appel ! Après avoir eu confirmation que toutes les valises ont été livrées, nous fonçons au comptoir réclamations de l’aéroport… Nous sommes parmi les premiers, mais les us et coutumes du pays font que quelques personnes vont s’arranger pour nous passer devant, mine de rien. Il va nous falloir jouer des gros bras afin de conserver un tant soit peu notre place. D’autant plus, qu’en nous retournant, nous constatons qu’en quelques minutes à peine la file d’attente s’est allongée, beaucoup allongée, et il semblerait que nombre de passagers soient dans le même cas que nous. En effet, on nous informe que la compagnie aérienne, qui avait beaucoup de fret à embarquer, l’a privilégié aux dépens des bagages des voyageurs. Une fois la déclaration faite, il nous faut aussi prendre nos dispositions afin qu’un taxi local revienne à l’aéroport le surlendemain pour récupérer nos valises manquantes ; et tout cela, à nos frais, bien sûr ! Toutes les formalités terminées, nous rejoignons enfin notre taxi qui attend sur le parking depuis plus d’une heure… 2h15 plus tard, nous arrivons au village de Nguéniène pour une courte nuit de sommeil.

Pour cette première semaine, au cours de laquelle nous serons donc six (les participants et notre représentant), nous avons loué un minibus de 9 places afin de pouvoir nous déplacer tous ensemble aisément dans la brousse. En tout premier lieu, il est décidé de faire la surprise de notre visite aux filleuls des participants.

Martine va enfin rencontrer, Mbayang, jolie jeune fille qu’elle parraine depuis plus de 10 ans, alors qu’elle n’était qu’une fillette. L’échange est un peu réservé, timide, mais chaleureux et souriant. Ce n’est que le premier contact !

Puis, c’est au tour de Denis de faire la connaissance d’Hamadou, petit garçon toujours souriant et très attachant, qu’il parraine depuis plusieurs années. Ce dernier disputait une partie de football avec son frère et un copain sur un terrain vague, lorsque nous l’avons croisé. Denis et Danielle, restés dans la voiture à l’abri des regards, nous avons joué à faire deviner à Hamadou, les mains sur les yeux, qui était dans la voiture : « tata Danielle, tonton Denis » s’est-il exclamé, ravi. Et pourtant, il ne les avait jamais vus qu’en photo ! L’émotion était au rendez-vous…

Et pour finir cette première matinée sur une belle note, c’est à Marie, filleule chérie de Danielle, que nous rendons visite. Cette dernière, toujours très réservée jusque-là, alertée par la voiture qui s’arrête devant la case, se précipite à l’extérieur et se jette dans les bras de sa marraine, puis de son parrain, qu’elle ne connaissait aussi qu’en photo. Un sourire ravi illumine son visage et elle leur présente sa famille. Un vrai moment de partage, de complicité. Du bonheur ! On discute, on visite la « maison », on se découvre et on promet de revenir bien vite.

L’après-midi est dédié à la logistique : épicerie, port et ravitaillement en boissons dans la ville la plus proche distante d’environ 15 km.

De retour au village, nous allons mettre à profit la proximité de certains filleuls et des commodités que nous offre notre grand véhicule pour commencer véritablement la ronde du riz. La tournée se termine avec Denise, « la Denise » de tonton Michel, ravie de revoir son parrain et leurs visages s’illuminent dans la pénombre qui tombe sur Nguéniène.

Puis, quelque peu fatigués par cette journée, c’est avec grand plaisir que nous abordons notre première soirée, histoire de nous désaltérer, de partager les premières émotions et impressions et de rigoler autour d’un bon repas préparé par notre précieuse Hélène.

Les enfants sont encore en vacances de Pâques et notre représentant est donc disponible. Dès le lendemain matin, les choses sérieuses vont commencer…

Et c’est ainsi que vont se succéder une série incessante de descentes et de remontées dans notre grand véhicule, parcourant sans relâche les pistes de brousse, le coffre rempli de 8 sacs de 50 kg de riz à chaque tournée afin de livrer un maximum de denrées au cours de cette première semaine. C’est un vrai travail d’équipe ; tandis que l’une informe de ce qui doit être livré dans telle famille (riz ou riz + denrées), l’autre note le nom des enfants que nous visitons, une autre est en charge des petits cadeaux, le troisième distribue les denrées et les deux autres déchargent le riz.

Certains filleuls nous font des présents, comme Marthe Téning qui nous tend 3 choux. Mais les cadeaux peuvent revêtir une autre forme comme les deux grands-mères de Fatou qui vont danser, ravies de cette manne qui leur tombe du ciel leur assurant plusieurs semaines de nourriture pour la famille.

Afin d’agrémenter un peu le quotidien, entre deux tournées de riz et dans la série des « Martine », nous allons tourner l’épisode de « Martine en charrette »… Et oui, Martine, Denis et Danielle font leur baptême de charrette dans le village. La balade ne sera pas bien longue mais suffisante pour permettre de graver quelques belles images dans leurs souvenirs.

Mais pour en revenir, encore et toujours, à la livraison du riz, nos va-et-vient incessants dans la brousse ont raison du stock de l’un de nos boutiquiers. Il va s’en mordre les doigts et rager ; adieu veaux, vaches, cochons, poulets… Plus de ventes, pas de bénéfices ! Le temps qu’il soit réapprovisionné, nous aurons pratiquement terminé nos livraisons. Petite anecdote, cela a duré quelques jours car le camion de livraison était en panne ! Gageons que lors de notre prochain voyage, il aura à cœur de remplir son magasin à l’avance. Nous allons donc faire le bonheur de la seconde boutiquière et quasiment terminer notre ronde du riz, ne gardant que les filleuls dont les parrains arrivent en dernière semaine. C’est ainsi que plus de quatre tonnes de riz au total seront livrées chez les filleuls ou dans des familles démunies.

Dès la première semaine, entre deux rotations, nous avons pris le temps de rendre visite au centre des handicapés de Nguéniène afin d’informer Jo et ses équipiers de notre arrivée ; le travail arrive ! Au préalable, nous étions passés chez le marchand de tissus pour trouver des Batik aux couleurs éclatantes. D’un seul coup, le planning du centre a été rempli pour les trois semaines à venir. A partir de là, sacs, trousses, pochettes, robes, tuniques, pantalons et autres étuis étaient en commande ! Pour rappel, nous faisons confectionner tous les ans les trousses des collégiens et lycéens parrainés ainsi que des accessoires que nous vendons sur le marché de Noël. Mais cela nous demande aussi beaucoup d’inventivité (nous leur proposons régulièrement de nouveaux modèles à réaliser) et aussi beaucoup de suivi (car nous sommes stricts sur la finition du travail). Cela permet aussi, à notre niveau, de dynamiser l’économie locale.

Entre-temps, nos valises étaient arrivées à l’aéroport tandis que du fret que nous avions envoyé par voie maritime attendait au port de Dakar. Notre taxi habituel a donc fait le voyage pour prendre livraison de l’ensemble et nous a ramené le tout, en un seul voyage, dans une 308 break… Elle était bondée, du tableau de bord au hayon arrière en passant par le siège passager et sur le toit ! Un œuf n’y aurait pas trouvé sa place… Nous avons livré une première partie de tout ce matériel au lycée de Nguéniène ; le matériel informatique avait été collecté auprès de nos adhérents proches de Toulouse.

Dans ce même lycée, une petite cérémonie d’inauguration était organisée par l’équipe de direction pour fêter la troisième salle de classe que l’association y a financée. Elle s’est terminée autour d’un bol sénégalais. Le proviseur a offert un coupon de tissu à chacun des membres présents.

La collecte que nous avions organisée concernait également des jouets et des jeux destinés à équiper les écoles de Ndoffane, Foua-Loul, Léona et la classe des tout-petits de Sounkarou-Dièye. Les cris de joie des enfants découvrant les jouets resteront longtemps dans nos mémoires…

Parallèlement, nous avons lancé les travaux de réhabilitation du poste de santé de Nguéniène. Les contacts avec les différents artisans afin de discuter des devis et des détails du projet se sont enchaînés ainsi que de nombreuses visites chez le quincailler pour acheter les matériaux nécessaires à ces travaux. L’approvisionnement du chantier s’est avéré difficile et les travaux ont pris du retard car il y avait pénurie de ciment suite à une grève des cimentiers sénégalais.

Une réunion de travail a été organisée avec l’équipe dirigeante de la commission du poste de santé. A cette occasion, les discours des membres présents se sont succédé avec beaucoup d’émotion et beaucoup de pensées pour Gérard (notre beau-frère), qui nous a quittés prématurément au mois de mars. L’Infirmier Chef de Poste nous propose de baptiser le bureau de consultation « salle Gérard » en hommage à sa mémoire. Tous les gens qui le connaissaient nous ont témoigné leur soutien lors de ce séjour. Gérard était un membre actif de notre association et avait déjà participé à différentes missions dans les années passées.

L’activité sur notre camp de base a été des plus intenses… Nous avons hébergé des pensionnaires :  trois coqs et deux poules dont l’une nous offrait un œuf quotidiennement. Mais aussi quelques gros rongeurs qui, victimes de leur gourmandise, se sont retrouvés prisonniers dans une cage. Il y a eu aussi une course poursuite avec un warang dans la cour et… c’est le warang qui a gagné et a réussi à s’échapper ! Comme à chaque séjour, un grand nettoyage a été fait au logement. Denis s’est retroussé les manches (ce n’est vraiment qu’une image !) et a pris la direction du chantier de peinture… Nous en sommes venus à bout après quatre couches, dur, dur ! Mais Denis a plus d’un tour dans son sac et aussi plus d’une crêpe… Sous prétexte d’enseigner à Hélène l’art de faire des crêpes, il nous a régalés d’excellentes crêpes que nous avons fait découvrir à nos amis locaux ; ils ont adoré, surtout les enfants… Dans ce challenge gustatif, Hélène qui n’est pas en reste, nous a préparé de bons petits plats et enseigné à Denis l’art de la confiture de melon au feu de bois…

Mais le plus surprenant a été la visite surprise du Père de la paroisse qui s’est invité un soir avec… deux pizzas. Une première pour nous au milieu de la brousse !

Comme à chaque séjour, les femmes du village à qui l’association a consenti un microcrédit (taux 0%) sont venues pour rembourser et nous faire partager l’expérience de leurs bénéfices.

A Léona, village de brousse reculé dans lequel nous avons financé un moulin à mil, les femmes se sont acquittées du remboursement du moulin et du micro-crédit consenti pour le petit commerce. Puis elles ont chanté et dansé en hommage à Florent. Il en a été de même à Ndounème où les femmes après nous avoir remboursés, nous ont offert des arachides grillées.

Comme convenu, une nouvelle rencontre s’est déroulée avec les jeunes de l’AJARF, l’association des Jeunes Actifs de la Rue Florent du quartier Keur Diomaye. Ils nous ont exposé leur bilan, très positif, et nous leur avons offert des tee-shirts et des ballons pour leur équipe de football.

Dans le domaine des puits, nous sommes revenus à Ndianda où nous avons financé le forage d’un puits ; la profondeur est actuellement de 7 mètres, sans qu’il n’y ait d’eau ! Depuis deux ans, la nappe phréatique est descendue de plusieurs mètres et l’eau devient un réel problème pour les populations. Après une réunion avec les villageois, nous avons décidé de continuer à financer la poursuite du forage. Affaire à suivre…

A Nguéniène, dans le quartier de Keur Diomaye, nous avons lancé la réhabilitation du puits existant avec renforcement des parois et forage de 2 mètres supplémentaires afin d’augmenter la réserve d’eau.

La majeure partie du séjour s’est écoulée ; avant de partir, Martine a tenu à apporter son aide à un nouveau filleul. Nous l’avons donc emmenée dans la famille d’André, au milieu de la brousse. Le petit garçon, qui ne comprenait pas bien ce que lui voulait cette dame arrivée de nulle part, a été très timide même s’il s’est prêté au jeu des photos sans problème et s’il a offert une poule à Martine. Quant à Danielle et Denis, ils sont tombés sous le charme d’un petit bout de chou de 4 ans dans une famille nécessiteuse et se sont ainsi engagés sur un troisième parrainage. Bouya, quant à elle, n’est pas du tout timide et a fait tous les bisous et pris toutes les poses pour les photos qu’on lui a demandé au plus grand bonheur de ses marraine et parrain.

Puis l’équipe s’est renouvelée par moitié, et pendant que Denis et Danielle prenaient le chemin du retour, Nathalie et ses enfants, Gabriel et Marie, sont arrivés. Ils étaient attendus par les jeunes du quartier et c’est Pascal, jeune homme très sympathique, qui leur a servi de guide pendant leur séjour. Gabriel a participé à des parties de football mémorables au cours desquelles il a tenu le rôle de gardien. Les cages qu’il gardait : deux cailloux. Le terrain : du sable. Et pour être vraiment dans l’ambiance, il a joué pieds nus, abandonnant ses baskets sur la touche imaginaire. Et le bon joueur de rugby qu’il est, a permis à son équipe de football de prendre l’avantage tous les soirs.

Pendant ce temps, Marie jouait les supportrices sur un banc au bord du terrain avec les jeunes filles du quartier. Mais c’est avec Pascal, qu’elle a refait le monde lors de grandes discussions philosophiques et sociologiques, tout en sirotant une boisson fraîche…

Enfin, les femmes du quartier Keur Diomaye avaient organisé une fête, pour leur traditionnel hommage à Florent et à l’électrification de leur quartier, avec danses et tam-tam. Grand moment de partage où chacun a pu découvrir la culture du Sénégal. Le tam-tam a résonné jusqu’à la nuit tombée et nous sommes rentrés les bras chargés de présents…

Nathalie, quant à elle, a partagé de longs moments avec ses filleuls. Tout d’abord avec Jean-Noël dont la famille lui a fait visiter la maison et expliqué la vie. Elle en est repartie avec une poule et un coquelet. Puis c’est avec Yvonne, la maman de sa filleule Elisabeth, qu’elle a partagé un après-midi et participé aux tâches quotidiennes et ménagères de la famille. Ces deux expériences ont été très riches pour Nathalie et ses enfants.

 

 

Les écoles ayant ré-ouvert leurs portes, Marie-Mado nous a accueillis dans l’école de Ndoffane et a proposé à Nathalie, elle-même institutrice, de présenter la leçon de grammaire en cours. Que de différences : des classes surchargées (parfois plus de 50 élèves par classe), mais aussi une énorme différence de moyens humains et matériels !

A l’école de Foua-Loul, toute l’équipe a assisté au repas des enfants et partagé le bol avec les instituteurs, par terre sur des nattes.

Dans le domaine de l’improbable : la cantine sous le manguier. Un examen blanc national du certificat de fin d’études primaire était organisé. L’école Ste Bernadette, centre d’examen de plusieurs écoles privées, ne pouvait accueillir tous les élèves dans sa cantine. Notre représentant. Les femmes de la famille sont réquisitionnées et les enfants peuvent ainsi se restaurer et prendre une pause à l’ombre des manguiers avant de repartir pour les épreuves de l’après-midi.

La fin du séjour arrive et les participants sont fatigués par la chaleur harassante qui perdure depuis plus trois semaines. Les soirées passent et se ressemblent : hydratation et entre deux gorgées la visite toujours et encore des filleuls qui viennent nous apporter leurs cadeaux. Un papa, chef de chœur à la chorale de la paroisse, nous fera l’honneur d’un mini concert privé. Magnifique !

Le dernier jour arrive avec le sentiment d’une mission accomplie et bien remplie et le plaisir de retrouver son chez-soi.