Jeudi 17 novembre

Rendez-vous à l’aéroport à 7 h. La mission s’annonce sous les meilleurs auspices avec un premier retard de 30 mn. On entre dans le vif du sujet !

Après une petite escapade à Madrid sous un ciel plombé, juste le temps d’une visite éclair de quelques lieux incontournables des vieux quartiers et de déguster quelques tapas et on réembarque pour Dakar.

Petite anecdote : le délicieux repas qui nous est servi à bord est congelé !

Mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une bonne surprise. Arrivée à Dakar avec 30 mn d’avance ; chouette ! Sortis de l’avion parmi les premiers, nous allons attendre la livraison de nos bagages en bons derniers !

Mais le meilleur reste à venir : suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues durant l’hivernage, les routes sont très endommagées et le chauffeur nous annonce un changement d’itinéraire.

Etant donné l’état de celle que nous empruntons, comment doit être l’autre ?

Nous nous croyons parfois perdus en pleine brousse, au milieu d’étendues de sable, dans une nuit d’encre. Un silence assourdissant règne dans le taxi, chacun en proie à ses interrogations. Heureusement que nous connaissons bien le chauffeur…

Pour couronner le tout, nous subissons 3 contrôles de police ; des hommes qui surgissent brusquement dans le noir et qui vous braquent de leur lampe de poche.

Enfin, nous voilà à bon port. Rapide inspection et… le frigo est vide, à l’arrêt. Que se passe-t-il encore ?  Pas d’eau au frais et, par anticipation, pas de glaçons pour l’apéro du lendemain. Aïe, aïe, aïe ; ça commence bien. Ou plutôt, ça continue !

Après quelques papotages, nous rejoignons nos chambres sous une douce chaleur qui ne dérange en rien notre besoin de repos.

Vendredi 18 novembre

Dès le réveil, les choses sérieuses commencent…

Tout d’abord, le réfrigérateur car on ne peut pas faire sans.

Michel Diouf nous donne les coordonnées d’un dépanneur qui devrait passer dans l’après-midi. Ou pas. Il n’y a plus qu’à attendre et boire à température ambiante.

Si le réparateur ne vient pas, ou s’il ne peut pas réparer, il va falloir envisager d’acquérir un nouvel appareil ! Ce qui suppose environ 3 jours de plus avant de boire frais et de pouvoir s’approvisionner.

En attendant, on s’attèle à quelques travaux : taille des bougainvilliers qui obstruent le passage sur la terrasse, rangement de nos valises.

Hélène, notre aide camp, arrive et après un accueil chaleureux commence la préparation du repas. Toute la nourriture a été stockée dans le réfrigérateur de la famille Diouf, à 500 m de là. Ce qui suppose que nous devons réfléchir avant de partir récupérer ce dont nous avons besoin.

Enfin, le dépanneur tant attendu arrive. Il semblerait que le problème vienne d’un manque de gaz. Lamine recharge et… le réfrigérateur tiendra son rôle pendant tout le séjour.

Une petite parenthèse, dans ce compte-rendu ; dès notre arrivée, moustiques, moucherons et autres petites bébêtes qui piquent vont nous envahir et nous agresser à longueur de temps. Citronnelle, sprays et autres huiles essentielles seront à leur utilisation maximum ! Mais le meilleur restait pour le soir avec les hannetons et autres  « boulettes », sorte de petites punaises qui s’immiscent partout, nous obligeant à couvrir nos verres pour ne pas y trouver des baigneurs. Que du bonheur !

Samedi 19 novembre

Nous commençons les travaux administratifs ; pointage des listes riz par village et par quartier, préparation des diverses réunions prévues et distribution des premiers sacs de riz.

Retour au logement où la journée n’est pas terminée avec ce qui sera le rituel de toutes nos soirées : mise à jour des listes de riz, tri des photos, élaboration détaillée du compte-rendu journalier, classement des dessins/lettres destinés aux marraines/parrains et inscription de leurs noms au dos, etc…

Dimanche 20 novembre

Pendant que les hommes s’attèlent aux travaux d’élagage des arbres, la gent féminine entame l’ouverture des nombreux cartons arrivés par transporteur dans les semaines qui ont précédé et qui étaient stockés dans une chambre (vêtements, jouets, etc.).

Les premières visites commencent aussi avec des femmes qui viennent faire le point sur leurs microcrédits.

Cet après-midi, comme le précédent, et les suivants, sera consacré à la livraison des sacs de riz et à la distribution des vêtements dans les familles défavorisées et celles des filleuls.

Lundi 21 novembre

Déplacement à Joal pour les incontournables : banque, carburant, achats divers, etc.

En rentrant, détour par Mbodiène pour rendre visite à Marie-Pierre (filleule qui a été gravement brûlée lors d’un accident domestique). Le temps d’une longue convalescence, elle séjourne avec sa maman chez son oncle dont la case est proche du dispensaire dans lequel les religieuses lui dispensent des soins. Nous échangeons avec elle, sa maman et son oncle sur son traitement.

Nous lui offrons des livres, un walkman, et surtout des médicaments. Nous prenons également une ordonnance afin de lui acheter d’autres produits à la pharmacie.

De retour au village où il fait très chaud, nous prenons notre repas à « l’heure espagnole » : 14h45 !

Puis les garçons partent voir le 1er match du Sénégal de la Coupe du Monde de football.

Mardi 22 novembre

Réunion avec le nouveau Maire de la commune. Présentation de l’association et des membres présents et valorisation des activités sur place par notre Trésorier :

  • Bilan comptable depuis la création de l’association avec remise au Maire d’un document récapitulatif.

Rappel : les membres de l’association sont tous bénévoles et financent entièrement tous leurs frais de voyage et de séjour (billet, hébergement, nourriture).

 

Les jours suivants…

Déplacement au lycée. Tout d’abord, nous échangeons avec le personnel administratif qui nous fait part des actions entreprises : construction d’un garage à vélos avec embauche d’un réparateur et création d’un jardin en permaculture dans l’enceinte du lycée. Visite du potager et rencontre avec un bénévole de l’Unesco qui enseigne aux lycéens comment cultiver autrement en économisant l’eau.

Puis accompagnés du maçon, nous discutons avec la Proviseure du projet de construction d’une salle pour les professeurs et de sa localisation dans la cour. Des métrages sont effectués afin de pouvoir établir un devis avec le maçon. L’association va étudier ce projet et décider de sa faisabilité.

Dixit la Proviseure : « les rails sont mis… on attend le train « .

Passage à l’école Sainte Bernadette pour saluer la Directrice et régler le parrainage d’un nouveau filleul. On en profite pour visiter quelques classes et saluer professeurs et filleuls.

Puis, afin de mettre un peu de piment dans notre quotidien si « morose », passage chez le mécanicien car un pneu est dégonflé. En repartant, la voiture ne veut plus démarrer ; c’est la batterie qui fait des siennes… On met les pinces, on charge et on repart.

Ici, le temps est une notion abstraite !

La température continue son ascension et nous atteignons, voire dépassons, 38 °C. Mais, comme de vaillants petits soldats, rien ne nous arrête. Nous continuons à acheter, charger et distribuer du riz dans les familles, jusqu’à 11 sacs dans une même journée. Nous rentrons, épuisés, surtout les hommes dont les bras et le dos protestent.

Le contraste entre ces températures diurnes torrides et la petite fraîcheur du matin, comme du soir, nécessite le port d’une « petite laine ».

Visite au dispensaire où nous sommes reçus par l’infirmier Chef de Poste qui nous apprend que Nguéniène et deux autres villes sont « Poste Pilote »  dans la région de Thiès pour un logiciel qui permet, en indiquant les différents symptômes du malade, de proposer un diagnostic et le traitement adapté. Ce logiciel facilite la prise de décisions beaucoup plus rapides. Depuis sa mise en service, il n’est utilisé que pour les enfants. Mais par la suite, toute la population pourra en bénéficier.

Puis nous passons par la maternité où la sage-femme nous explique qu’un plan d’action est en cours d’élaboration pour sensibiliser les femmes à accoucher à l’hôpital mais aussi pour réguler les naissances.

 

Denis, notre couteau suisse participe à cette mission et il va prendre en charge la réfection de la peinture de la salle de bains, des toilettes et de la cuisine du logement. Le chantier va s’étaler sur plusieurs jours et redonner un petit air de fraîcheur aux lieux communs. Entre deux couches, il prendra même le temps de nous faire des tournées de crêpes mais aussi de s’accorder de petites siestes à l’ombre des bougainvillées.

Comme à chacun de nos voyages, nous allons à la rencontre des bambins et de la monitrice du Jardin d’enfants « Le coin de Teddy » (ex ludothèque) où 17 enfants sont accueillis toute l’année en préparation de leur entrée au cycle primaire.

Samedi 3 décembre

Nous prenons notre petit-déjeuner, bien à l’abri du vent, sous la paillotte ! Puis les activités démarrent rapidement : traçage du plan et renseignements sur les prix des matériaux pour la construction de la salle des professeurs du lycée, travaux ménagers, travaux administratifs et comptables,  passage à l’épicerie, remise en place des étagères suite à la fin des travaux de peinture au logement.

Et, changement notoire, début de la distribution du riz ce matin pour cause de matches de football en vue. Il faut mettre les bouchées double car le lendemain après-midi sera synonyme de pause avec 2 matches à l’affiche : France/Pologne et Angleterre/ Sénégal.

Pour gagner le droit de regarder la TV, les hommes ne reculent pas devant la tâche et pour se donner du cœur à l’ouvrage livrent les sacs de riz au pas et en cadence (tout au moins ils essaient). Ils chantent aussi, provoquant l’hilarité des femmes et des enfants qui nous accueillent. Certains, ne manquant pas d’humour, se mettent au pas, à l’unisson. Le rire est au rendez-vous !

Les familles n’ont de cesse de nous remercier ainsi que leurs bienfaiteurs et parfois nous offrent arachides, bissap, niébés (haricots secs), mais aussi poulets ou coupons de tissu. Cela nous touche énormément car ce sont des familles qui ont très peu de moyens (le mot est faible).

Et lorsque nous nous retrouvons le soir autour de la table, après une journée bien remplie, nous évoquons avec émotion certaines personnes ou familles qui nous ont plus particulièrement émus.

Dimanche 4 décembre

Petit déjeuner et toujours cette petite fraîcheur matinale, comme une pause salutaire, en prélude à la chaleur, de plus en plus intense pour cette dernière semaine de notre séjour…. On va atteindre 40°C.

Les garçons partent pour une première couche de peinture dans la case d’Hélène. Dur, dur ! Le crépis des murs n’est pas lisse… mais alors pas du tout et 3 couches seront nécessaires sur plusieurs jours.

Pendant ce temps, les filles font du rangement et quelques travaux administratifs.

L’après-midi arrive vite mais tout est calme au village pour cause de foot… France/Pologne. Les tricolores ouvrent le score sous les hourras des villageois et l’emportent 3 à 1.

En attendant le match du Sénégal, nous décidons de faire une petite distribution  de riz dans le village. On ne s’éloigne pas trop, il ne faudrait pas rater le début du match.

A 19 h, coup d’envoi d’Angleterre/Sénégal. Tout le village est à l’arrêt. On entend les moustiques voler. Même pas une petite exclamation, rien. L’Angleterre, l’emporte par 3
à 0. Un silence assourdissant plombe la nuit sénégalaise !

De fait, nous dînons encore plus tard que d’habitude, dans le calme !

Les jours suivants …

Tandis que les hommes superposent les couches de peinture sur les murs de la case d’Hélène, les femmes prennent la voiture pour aller chez Jo, le couturier, au CEM puis au dispensaire (pour lequel nous allons créer de la signalétique avant la fin du séjour !).

Le véhicule ne passe pas inaperçu, trois femmes dans une voiture dont une qui conduit ! Ce n’est pas courant dans ce village de brousse.

Le groupement des femmes de Keur Diomaye nous invite à la fête qu’elles ont organisée en notre honneur. Comme toujours, c’est une très belle réussite : les femmes dansent et les enfants nous offrent de beaux chants et de belles chorégraphies.

Le lendemain, rendez-vous a été pris avec toute l’équipe dirigeante et enseignante de l’école primaire publique de Sounkarou Dièye à laquelle nous allons livrer des denrées (riz, huile et oignons) nécessaires au bon fonctionnement de la cantine, comme nous le faisons depuis des années. Tous les justificatifs nous sont remis et une discussion s’engage entre les participants au cours de laquelle, le Président  des parents d’élèves, entre autre, remercie l’association  pour tout ce qu’elle fait pour l’école. Les remerciements s’étendent à toutes les actions que l’association a réalisées pour le village et la commune de Nguéniène.

Les jeunes de l’AJARF viennent solliciter le parrainage de l’association pour leur 3ème journée de l’Excellence du 27 décembre prochain. Nous accédons à leur demande et ne manquons pas de les encourager quant à leur investissement dans leur quartier et auprès des enfants. Afin de les aider à récompenser les lauréats, nous leur remettons des sacoches, des casquettes, des stylos et des coupes (qui étaient dans nos cartons).

Plusieurs après-midis sont consacrés à la couture : des rideaux pour la case d’Hélène, des pochettes de rangement pour les chambres du logement. De leur côté, les hommes vont chez Hélène pour peindre les étagères, poser les tringles à rideaux, le revêtement de le sol et l’aider à réinstaller sa chambre.

Nous avons rendez-vous avec les parents d’élèves de l’école de Foua-Loul. La piste y menant ayant été complètement défoncée par les pluies lors de l’hivernage, un pont s’est écroulé, des trous béants barrent la route et des déviations de fortune ont été mises en place au milieu de rien mais surtout dans un beau sable bien orangé qui colore la peau, les cheveux, les vêtements et pénètre dans les narines !

La réunion commence par des mots de bienvenue. Les parents s’expriment à tour de rôle pour remercier l’association sur l’ensemble de ses actions et bien sûr pour la cantine et les parrainages. Ils sont vraiment très contents et la seule chose qu’ils peuvent faire pour nous remercier c’est de « prier pour nous et nos familles car on quitte tout et notre lointain pays pour venir les aider ».

De notre côté, nous adressons nos remerciements aux « mamans cuisinières » qui s’occupent à tour de rôle de la préparation des repas de la cantine, soutenues par le personnel enseignant.

On explique aux parents qu’il faut laisser leurs enfants faire les devoirs en rentrant de l’école avec un rappel de la règle des 2 redoublements maximum. Les parents en prennent conscience et certains donnent l’exemple de filleuls qui sont maintenant à l’université et disent que cela n’a été possible que grâce à l’aide apportée par l’association FLORENT.

En conclusion, et en cette période de coupe du monde de football, pour qu’une équipe gagne il faut que tous les joueurs participent. D’un côté, l’association finance entièrement la cantine pour tous et la scolarité des filleuls. De l’autre, les élèves doivent travailler à l’école, les cuisinières préparent bénévolement les repas, les enseignants  apportent un soutien logistique et les parents fournissent quelques légumes pour la cantine tout en permettant à leurs enfants de faire les devoirs. Si un seul membre de l’équipe manque ou ne fait pas son travail… c’est toute l’équipe qui perdra !

Le retour au logement se fait à la nuit noire sous un beau ciel étoilé et une magnifique pleine lune.

Plus que quelques jours avant le retour ; le compte à rebours a commencé et avec lui un petit stress. On pointe ce qu’il reste à accomplir sur notre liste.

Cet après-midi, il n’y aura pas de distribution de riz car notre « GPS local », Michel Gigi, ne pourra nous accompagner.

Nous ne restons quand même pas inactifs, bien loin de là, tandis que les visites de filleuls apportant des cadeaux pour leurs marraines/parrains s’enchaînent.

J-2 … il va falloir enclencher la vitesse supérieure. Des activités incontournables restent à réaliser avant notre départ : les travaux de couture pour le logement, les tâches administratives et au rayon bricolage, il est indispensable de colmater toutes les fissures sur les murs, points d’entrée pour nos amies les fourmis et autres petites bébêtes indésirables !

Tout le monde s’affaire rapidement pour cause de 1/4 de finale : France/ Angleterre ! Les hommes s’invitent chez Jo, le couturier, le seul à posséder un téléviseur avec la « bonne chaîne » qui retransmet le match ! La France l’emporte 3 à 1 et ces messieurs rentrent ravis.

Dernier jour et pas de pause prévue aujourd’hui. Il faut tout laver, tout ranger, finir les valises…

Après des adieux chaleureux avec nos amis Sénégalais, en route pour l’aéroport.

Nous reprenons le même itinéraire qu’à notre arrivée mais il nous paraît moins impressionnant car nous eu l’occasion de l’emprunter à maintes reprises durant notre séjour.

Vol de retour sans encombre et à notre arrivée, une petite gelée. En quelques heures, nous sommes passés de 40°C à 4°C !

Pour conclure : une nouvelle fois, nous avons passé un séjour très agréable, très intense et toujours ponctué d’imprévus.

Si l ‘équipe présente a, par son travail, contribué à ajouter une nouvelle pierre au bel édifice qu’est l’association FLORENT, elle n’aura encore une fois pu le faire que grâce à la confiance, aux encouragements et à la pérennité des dons de ses adhérents.