2020 aura été une année blanche sur le plan des missions sur le terrain. Mais nos actions n’ont été que ralenties puisque nous avons pu compter sur le soutien indéfectible de notre bras droit, Michel Gigi DIOUF.

Début mai 2021 : c’est décidé, on tente le voyage. On verra bien ! Nous entreprenons toutes les démarches et la veille de notre départ nous obtenons enfin le « sésame ». Nous nous envolons donc le 17 mai pour Nguéniène. Le voyage est fluide sans rien de particulier à signaler si ce n’est qu’à l’arrivée à Dakar, notre passeport sera contrôlé 3 fois sur 10 mètres. Au cas où l’on aura changé d’identité entre temps… Nous nous couchons vers 2h30 et sommes réveillés au petit matin par un combat de chats !

Bien que fatigués du voyage et de cette courte nuit, nous décidons de relever nos manches (si l’on peut dire) : les bougainvillées et les arbres se sont développés à foison pendant ces 18 mois d’absence et la maison a besoin d’un sacré coup de torchon voire plus. Le programme est donc rapidement établi : ménage, rangement et débroussaillage. Mais un contretemps, pas si inhabituel, se présente : pas d’eau ! Notre baroudeur a une idée de génie : nous devrions avoir quelque part dans les cartons, une douche solaire qui nous permettrait au moins de nous laver les mains dans la journée. Il a tôt fait de la dénicher et de la suspendre sous la terrasse. Les hommes partent faire le ravitaillement en eau chez Michel Gigi (qui s’est fait installer un robinet il y a quelques mois) afin que nous en ayons pour les travaux de la journée et pour la douche du soir. Pendant ce temps, les filles déballent les valises. La matinée est entièrement consacrée au rangement.

Dans l’après-midi, décision est prise de sortir quand même un peu. Notre première visite est pour Jo le couturier. Nous avons une commande de caleçons et de pochettes à lui passer. Chemin faisant, nous croisons « le chef de l’eau » à qui nous faisons part de notre problème. Il nous affirme que d’ici le soir, nous aurons de l’eau. A voir !

En rentrant, nous passons voir la nouvelle supérette du village, très propre, relativement bien achalandée, avec réfrigérateur et congélateur ; le nouvel « O’champ » !

La soirée passe, tranquille, avec nos amis Sénégalais, tout au plaisir de se retrouver.

Réveil en pleine nuit par un bruit d’eau. C’est la cuve qui déborde. Vite, à moitié endormis (du moins pour certains, car d’autres dorment comme des bébés), il faut attraper l’échelle, monter sur le toit pour couper l’arrivée d’eau. Tout est inondé ! Vérification faite, il y a même de l’eau au robinet de la cuisine ; chouette ! On ferme tout et on repart se coucher. Au matin, on annonce la bonne nouvelle aux petites marmottes et… plus d’eau à nouveau. Le réseau est à nouveau coupé. On n’y croit pas ! Mais le meilleur reste à venir. Le flotteur de la cuve ne remplit plus sa fonction, raison pour laquelle elle a débordé dans la nuit et maintenant… elle est vide ! Il semblerait que l’eau soit repartie dans le réseau. C’est incompréhensible. Nos 2 MacGyver essaient de se creuser la cervelle mais n’arrivent pas à entrevoir ne serait-ce qu’un début de solution. Pour couronner le tout, notre jeune cuisinière remplaçante (Hélène étant indisponible pour cette mission) nous appelle ; elle a une rage de dents. Il faut qu’elle parte à la ville consulter un dentiste.

Changement de programme ; l’équipe féminine, au lieu d’organiser toutes les activités à venir, se lance alors dans un nettoyage approfondi de la cuisine avant d’improviser un repas avec les moyens du bord car nous n’avons pas encore eu le temps d’aller jusqu’au port acheter du poisson et il n’y a ni œufs ni poulet au village. L’aventure continue !

Dans l’après-midi, Babou arrive sur le dos de sa maman. Il est venu prendre possession d’un nouveau fauteuil roulant que nous lui avons rapporté, comme nous le faisons régulièrement depuis le début de sa maladie.

 

Fin de matinée, les employés de la compagnie de l’eau débarquent à deux sur une petite moto. Ils changent le compteur d’eau et, miracle, il y a de l’eau à tous les robinets avec une pression que l’on n’avait encore jamais vue. C’était donc ça ; le compteur était certainement cassé. Tant mieux, la galère de l’eau est enfin terminée. Demi-heure après leur départ, fini, plus d’eau !

On rappelle les employés de l’eau qui doivent revenir. Quand ? On ne les reverra pas avant la fin du séjour et on n’aura pas non plus d’eau pendant tout le séjour sauf à quelques exceptions en début de nuit où l’on pourra alors remplir quelques bidons. Le reste du temps, on va faire notre stock chez Michel Gigi.

Troisième jour ; nous sommes toujours dans le rangement du logement et le pointage de tout ce qui se trouve dans les cartons que nous avions envoyés par voie maritime fin 2019 et qui étaient stockés dans une chambre. Il s’agit principalement de jouets que nous allons offrir aux écoles et de vêtements que nous distribuerons lors de nos périples en brousse.

Mais aujourd’hui, on prépare aussi un anniversaire prévu le soir auquel nous avons convié notre famille de cœur et nos amis Sénégalais. Nous leur avons réservé un voyage gustatif en Espagne avec des tapas. Ils vont adorer. Ils arrivent (avec une heure de retard, à la sénégalaise), les bras chargés de surprise ; Amélie et Valentin ont confectionné une bougie et l’assemblée entonne un joyeux anniversaire en français, en anglais, en sérère et en wolof ; de vrais polyglottes. Gaby prend la parole et nous fait part de son plaisir de se retrouver à nouveau réunis et de l’honneur d’être convié à cette petite fête. Il ne manque pas de remercier aussi les membres de l’association pour le travail au profit de tous depuis ces 15 dernières années. Vient l’heure des cadeaux avec la remise de très beaux coupons de tissus. Gaby, encore lui, tient à préciser qu’il a personnellement choisi le tissu car il représente pour lui une lumière, le soleil. Tout un symbole pour nous.

Au quatrième jour, nous commençons enfin les tournées en brousse. En rentrant, nous passons saluer le personnel du dispensaire et Jo, le couturier, nous remet les 6 premiers caleçons. Retour à la maison pour une pause bien méritée. Le soir, le froid s’installe et nous endossons vite pulls, pantalon et chaussettes afin de ne pas attraper un rhume sur cette terrasse, en plein courant d’air.

Le lendemain matin, aidés par un jeune homme du village, nous nous mettons tous à l’élagage des arbres et des bougainvillées qui ont pu exprimer toute leur exubérance depuis 18 mois. Des jeunes du quartier viennent nous débarrasser des déchets verts au profit de leurs animaux.

 

Après-midi, riz. Pour la première fois, nous n’allons pas pouvoir accéder à une case et c’est au bord de la piste que la bénéficiaire viendra prendre possession de son sac.

A partir de ce jour, la seconde partie des après-midis sera consacrée à la distribution du riz, dès que les enfants seront sortis de l’école. Parfois les filleuls seront absents ; nous laissons les sacs de riz aux parents car notre planning est trop serré pour envisager de faire systématiquement une autre visite.

Lors de ces rencontres, nous assistons à de vraies scènes de joie. Généralement, les gens sont souvent dans la retenue ; ils ne savent pas s’ils peuvent nous serrer la main ou pas. On les sent hésitants. En revanche, quelques femmes, dans une explosion de joie, nous serrent dans leurs bras, tout en prenant la précaution d’enrouler leur menton afin que nos visages ne soient pas à même niveau…

Les cadeaux pleuvent : des arachides à gogo et des poulets. Six en un seul après-midi qui seront rapidement rejoints par cinq autres congénères ; de quoi animer notre quotidien.

Une matinée est réservée à l’élaboration de confiture de mangues dont c’est la pleine saison. Nous en ferons une seconde tournée en fin de séjour pour les offrir à nos amis du village qui vont recevoir leurs pots les yeux brillants comme ceux des enfants le jour de Noël.

Comme d’habitude, les soirées sont réservées à faire le point de la journée, des actions à mener le lendemain, de la mise à jour de la distribution de riz qui change sans cesse et de quelques parties de dés lorsque nous ne tombons pas de sommeil.

Le matin, pendant que les hommes pensent, discutent, refont le monde ou partent se promener sous prétexte de faire quelques courses, les femmes prennent en charge le ménage, le rangement, la lessive, l’élaboration des repas, l’organisation des tournées de riz et de la distribution des cadeaux aux filleuls, la préparation des cartons avec les vêtements à offrir dans la brousse.

Puis, l’équipe au complet va visiter la classe informatique créée par le Père. Il nous parle de son projet d’extension au profit des enfants du village et nous nous engageons à lui envoyer 12 ordinateurs complets lors d’un prochain envoi maritime. Lors de cet échange, nous validons également la construction d’une classe permettant d’accueillir des élèves au jardin d’enfants (maternelle) dans le village de Ndoffane. Les travaux sont actuellement en cours.

Nous allons rendre visite à la Directrice de l’école Ste Bernadette de Nguéniène et prendre tous les enfants en photos dans une joyeuse pagaille organisée spontanément par un maître et qui nous fera perdre pas mal de temps, les enfants se présentant de façon anarchique et nombre d’entre eux n’étant pas parrainés par notre association. Nous distribuons aussi à toute l’équipe stylos et gadgets des 15 ans de l’association (avec un peu de retard).

Nous ferons de même à l’école de Foua-Loul. En revanche, nous ne ferons que des visites de courtoisie au lycée et au collège puisque Michel Gigi a déjà tout réglé et a pris tous les filleuls en photo lorsqu’ils ont récupéré leurs fournitures en novembre dernier.

Les sorties du matin seront également rythmées par l’achat de tissu pour la confection des caleçons ; (nous allons visiter les 4 boutiques du village à la recherche des tissus qui nous plaisent), passer chez Jo le couturier à maintes reprises afin de suivre les réalisations en cours mais aussi tenter de négocier avec le syndicat des eaux pour notre problème, remplir les bidons d’eau chez Michel Gigi pour alimenter les maçons qui font des travaux au logement.

Nous allons également nous occuper d’acheter les sacs à dos pour la rentrée prochaine, remettre une encyclopédie au lycée et des médicaments au dispensaire.

Certains étudiants de l’université feront le déplacement spécialement pour nous voir et nous leur remettrons à cette occasion la bourse que leur alloue l’association. Ce sera l’occasion de vrais moments de partage très intéressants et l’occasion aussi de créer des liens privilégiés avec tous ces jeunes. Nous échangeons nos numéros de téléphone respectifs et continuons depuis à échanger via un réseau connu de tous. Pour ceux qui n’ont pu faire le voyage, ils vont recevoir leur bourse par virement sur leur téléphone.

 

La ludothèque « Le coin de Teddy » a changé d’orientation. Elle est devenue un petit jardin d’enfants qui accueillent les bambins de la crèche à l’entrée au primaire. A la rentrée prochaine, chaque élève recevra une blouse. Cette idée de conversion est à l’initiative de 2 femmes : la bibliothécaire qui n’était pas satisfaite que la ludothèque ait changé de site et ne soit plus suffisamment exploitée et Anna, qui a tenu un poste identique pendant des années au jardin d’enfants de l’école privée. Afin de donner un coup de pouce à ce nouveau et beau projet, nous apportons plusieurs cartons de jouets et remettons à Anna le « carnet voyageur », idée de partenariat et d’échanges initié par la crèche Couleurs d’éveil de Colomiers (31). Anna, très consciencieuse, mais quelque peu inquiète par cette nouveauté, s’empresse de faire crayonner les tout-petits et de remplir le « carnet voyageur » (que nous avons remis à la crèche columérine à notre retour).

Nous avons également réservé et livré quelques cartons de jouets pour l’école de Ndoffane en prévision de l’ouverture du nouveau jardin d’enfants à la rentrée prochaine.

Contact pris avec le Maire qui est souffrant, nous l’informons que nous allons déposer à la Mairie 150 tee-shirts floqués, des montres et autres babioles pour les prochaines Journées de l’Excellence.

Par ailleurs, une fin d’après-midi, après la livraison de quelques sacs de riz dans la brousse, nous allons animer la traditionnelle rencontre avec les parents d’élève et les cuisinières de Foua-Loul.

Le 27 mai, le transporteur nous informe que les cartons que l’on a envoyés par mer sont sortis du port de Dakar. Comme convenu, il en assure également la livraison au village. Le camion devrait arriver vers 18 h. Il arrivera à minuit ! Munis de torches, à 0h17 tout sera déchargé et nous pourrons enfin envisager de nous coucher non sans avoir au préalable rempli des bidons d’eau.

10 jours sans eau, c’est long, très long. Décision est donc prise de remplir la cuve manu militari. Et c’est donc, à la chaîne, que nous allons transvaser 100 l d’eau, des bidons vers la cuve, qu’il faudra acheminer via l’échelle.

Il arrive que nous achetions tellement de sacs de riz dans une après-midi, que le commerçant n’a pas le temps de se réapprovisionner. De fait, nous en sommes contraints à transvaser directement les sacs du camion de livraison vers le coffre de la voiture. Les livraisons dans la brousse vont déclencher de véritables explosions de joie comme cité plus haut : embrassades mais aussi danses, rigolades, échanges avec les familles. Nous profitons de la technologie pour appeler quelques marraines/parrains et leur permettre d’échanger en direct avec leur filleul(e).

Chemin faisant, nous nous arrêtons devant les robinets que nous avons financés dans la brousse. Aussitôt, les femmes accourent et dansent pour nous remercier.

Un après-midi, une fillette à qui nous devions livrer du riz de la part de sa marraine, va nous accompagner durant tout notre périple et en profiter pour nous donner des cours de sérère. Yandé, que l’on connaît d’un naturel réservé, va se révéler taquine, rieuse et ravie des cours qu’elle nous dispense.

Avant-dernier jour, surprise : il y a un peu d’eau aujourd’hui. Mais, un bonheur n’arrivant jamais seul, il n’y a plus d’électricité ! On ne peut pas tout avoir !

Le dernier jour est consacré au rangement du logement, à la préparation des bagages, véritable casse-tête pour emporter les cadeaux des filleuls pour leur marraine/parrain, les arachides et surtout, cette fois-ci, priorité est donnée aux mangues dont nous régalerons nos proches à notre retour.

Nous validons également un devis pour la construction d’une case au profit d’une mère de famille célibataire.

Le séjour se termine. Nous sommes très fatigués mais ravis d’avoir revu tout le monde en parfaite santé et surtout d’avoir rempli les objectifs que nous nous étions fixés.